Le passage en Bolivie par ce coin de l'Argentine (La Quiaca) se fait facilement à pieds. Mais ce poste frontière ne permet pas d'avoir le tampon d'entrée en Bolivie dans notre passeport, simplement une feuille volante de sortie d'Argentine faisant office d'entrée chez son voisin.
On ne s'attarde pas à Villazon, sans grand intérêt, et partons directement pour Tupiza dans les vallées boliviennes. Après quelques mois de dortoirs, on s'offre une belle chambre double avec salle de bain (qui est moins chère que notre dernier dortoir argentin) dans une auberge qui est plutôt un hôtel.
C'est de Tupiza qu'on pense choisir notre tour dans l'altiplano - Sud Lipez et vers le Salar d'Uyuni, classique des voyageurs. Mais avant tout, on souhaite profiter des alentours de la ville.
Après un super petit déjeuner (on le précise parce que ça aussi ça faisait longtemps !), direction la Puerta del Diablo, la Valle de los Machos et le Cañon del Inca à quelques kilomètres. On croise d'abord des montagnes de déchets (la décharge est pourtant plus loin) avant d'arriver dans un paysage de roches rouges ciselées et de cactus.
Il est encore tôt, on décide alors de continuer notre chemin dans le lit de la rivière asséchée pour atteindre le Cañon del Duende un peu plus loin. À nouveau on a l'impression de dévaler une montagne de déchets mais presque invisibles cette fois, on aperçoit des couleurs étranges dans les strates de la montagne. Puis on arrive devant cette énorme porte rouge qui une fois passée nous mène dans le lit d'une autre rivière qu'on remonte sans s'arrêter (sauf devant une carcasse de voiture, comment est elle arrivée là ?) tellement on est intrigué par le paysage qui s'offre à nous.
Le chemin du retour nous fait malheureusement passer par la décharge officielle du village, à ciel ouvert, et ses déchets emportés par le vent et les chiens errants dans tout le paysage environnant... dommage !
Après la pause traditionnelle sur la place, où les habitants viennent se reposer ou manger une glace on commence la prospection des agences pour notre tour en pensant partir 2 jours plus tard. Finalement, une bonne promotion nous décide à partir dès le lendemain.
De notre côté on a décidé de profiter encore un peu des alentours de Tilcara. Le lendemain matin on part pour la "Garganta del Diablo" à quelques kilomètres sur les hauteurs de la ville. La chaleur et l'altitude rendent la petite montée assez difficile sauf pour Olivier qui gambade devant, sans aucun problème. On entame le sentier pédestre aménagé et constate un décor bien pensé pour les touristes, du béton ! Le canyon est très impressionnant mais la vue un peu décevante depuis les pontons prévus. Le reste du sentier nous emmène le long d'une rivière jusqu'à une cascade, cette partie là nous plaît mieux !
Direction ensuite la petite bourgade d'Uquia pas très loin de Tilcara pour la balade vers la "Quebrada de las señoritas" recommandée par une rencontre en Argentine. On ne sera pas déçus ! Le chemin n'est pas vraiment tracé mais des petits noeuds rouges accrochés aux arbustes dans cette plaine quasiment désertique nous indiquent la direction dès la sortie du pueblo. Après avoir quand même croisé quelques cactus, on aperçoit d'énormes formations rocheuses rouges et ocres avant d'arriver dans ces impressionnantes failles où on sera seuls au monde pendant une heure avant de voir arriver les premiers marcheurs. Encore une belle découverte !
On passera la soirée tranquillement à l'hostel, à papoter à droite à gauche et c'est comme ça qu'on achèvera la parenthèse argentine, origine de notre voyage, puisque le lendemain nous partons pour la Bolivie.
Pour accéder à certains sites, la voiture ou l'agence de tourisme sont indispensables. Delphine et Grégory nous ont donc proposé de louer une voiture ensemble pour économiser quelques tours avec agence souvent hors de prix et offrant peu de libertés.
Départ de Salta, direction le nord sur la route sinueuse mais très jolie qui nous mène à Humahuaca. Cest aussi le début de nos quelques jours en altitude. Le temps est pluvieux mais après une bonne nuit, on persévère vers notre but et arrivons vers 13h (meilleur horaire pour l'ensoleillement) à la montagne des 14 couleurs à 4350 mètres d'altitude. D'abord timide car sous les nuages, la montagne et ses nombreuses couleurs (impossible de les compter !) finissent par se dévoiler petit à petit sous nos yeux. On y passera presque 2 heures à l'observer dans tous ses détails et à profiter du ciel changeant modifiant les couleurs. Une réelle merveille de la nature !
On redescend ensuite les 1400 mètres sur 25km de piste et partons en direction de Tilcara (plus au sud et proche de Salta). Après un bon repas (un steak de lama pour 3 d'entre nous) on se repose car le programme du lendemain est chargé.
Le lendemain, départ pour Purmamarca et sa montagne aux 7 couleurs, qui reste impressionnante malgré notre découverte de la veille puis direction Salinas Grandes à presque 2 heures de route. Ce sera notre première rencontre avec un désert de sel avant le fameux Salar d'Uyuni en Bolivie, et quelle rencontre ! À la différence de ce dernier qui est constitué de plusieurs couches de sédiments (chlorure de sodium, sulfate, nitrate, borate), la saline n'est quasiment composée que de chlorure de sodium ou sel. Située à 3415 mètres d'altitude il est d'une surface de 12 000 hectares, la couche de sel est de 30 cm et il y est exploité. La mer était présente à cette endroit jusqu'à des mouvements terrestres formant les montagnes, plateaux et vallées. Une étendue de sel s'est alors formée naturellement "coincée" dans un lac et ne pouvant s'évacuer. Mais ce sel n'est pas d'origine maritime mais volcanique, il est donc iodé avant de pouvoir être consommé. On passe quelques heures sur place à enchaîner les photos profitant de cet horizon sans fin avant de pique niquer sur une table en sel.
Retour ensuite pour Purmamarca où on pense faire une petite balade autour de la montagne aux 7 couleurs vue le matin, mais à croire qu'on s'est habitué à la voiture, en cherchant où se garer on finit par faire le tour en voiture ...
Delphine et Grégory doivent retourner à Salta rendre la voiture et attraper leur bus pour le Chili, on boit un dernier verre avant de se dire au revoir. Pas sur qu'on se recroise sur la route, ils doivent accélérer le mouvement vers La Paz. Encore une fois, on aura passé de supers moments avec eux !
Après ces 10 jours riches en émotions, on choisit de continuer le "pèlerinage" des lieux connus et aimés et partons pour Cafayate, petit village connu pour son climat sec et son vin, le Torrontes, à quelques heures de Tucuman. Cest aussi le point de départ pour accéder à la quebrada de las Conchas que nous avions faite lors de notre premier passage. On a un peu de mal à se loger car ce week end à lieu le festival annuel de La Serenata, on n'y avait pas fait attention. Ce festival est un peu la clôture du carnaval : les festivaliers s'arrosent littéralement de peinture l'après midi et se rendent le soir au festival qui se déroule dans le stade. Ce festival draine des milliers de gens qui animent les rues et font la fête pendant 3 jours, jour et nuit.
On passe notre première soirée dans LE royaume des empanadas (c'est un peu pour lui qu'on repasse à Cafayate, on l'avoue) à en déguster de toute saveur et forme, on est pas déçu.
Le lendemain on se rend à quelques km du village pour découvrir les cascades. On ne peut les faire qu'avec un guide, on craint un peu l'arnaque mais en fait la balade est une sacrée aventure : traversée et retraversée de la rivière avec de l'eau jusqu'au cuisse, passage sous un rocher, escalade à flanc de montagne, baignade dans un petit "rapide", ... On ne s'y attendait pas, le guide était nécessaire car on n'aurait ni trouvé le chemin ni osé y passer ! On finit l'aventure par une dégustation de torrontes et de malbec à la bodega Las Nubes, à l'extérieur de la ville.
Le reste de la journée est consacré à suivre et observer l'agitation des festivaliers.
Le lendemain, départ matinal pour Salta, ou nous attendent nos amis Delphine et Grégory pour parcourir ensemble le nord de l'Argentine en voiture.
Après une nuit de bus, on arrive à San Miguel de Tucuman au petit matin. On traverse la ville à pieds pour se rendre chez Oscar, notre ancien colocataire. La ville est calme, ce qui n'est pas habituel ! Aujourd'hui est un jour férié : c'est carnaval. Malheureusement aucune festivité n'a lieu à Tucuman, il aurait fallu être plus au nord. On arrive chez Oscar après une petite demi heure de marche, le petit déjeuner dans les bras et profitons de ces premiers instants de retrouvailles autour de "facturas" (les pâtisseries argentines, principalement fourrées au dulce de leche). Nous passons toute la journée à discuter (Oscar parle très bien français), se balader dans le centre de la ville, le comparer avec nos souvenirs mais surtout à rattraper toutes ces années depuis notre départ il y a 9 ans de ça.
Le lendemain, on quitte la ville pour rendre visite à la famille d'Oscar, à 40 minutes de là, à Monteros. Nous retrouvons avec bonheur sa soeur, ses nièces et sa maman qui nous accueillent comme il y a 8 ans, comme des membres de la famille. On est gâté puisque des empanadas délicieuses et des milanesas (viande panée) nous attendent ! On passe l'après-midi à se balader dans les rues de Monteros et on finit la journée autour d'un maté familial durant lequel les thèmes de discussions varient de la météo à la politique.
On rentre à San Miguel avec le dernier bus peu avant minuit. Finalement, après une petite sieste dans le bus, on retrouve de l'énergie pour aller boire une bière et manger un sandwich de milanesa ou de lomito pour bien finir cette belle journée (n'oublions pas qu'ici on ne sort pas avant 23h ou minuit de toute façon.)
L'étape suivante est les retrouvailles avec l'équipe de Nova ti, lieu de stage d'Olivier en 2008-2009. Cest donc avec beaucoup d'émotions que nous retrouvons notre autre famille argentine, Noélia, Riki, Vane, Rami et tous les autres. Les lieux ont bien changé mais l'accueil lui est toujours aussi chaleureux. Nous avons passé tant de temps entre ses murs entre asado, cumbia et fêtes. Ils se souviennent avec émotion de notre "graton daufinoé" cuisiné avec Alex notre ami français grâce à qui nous avons atterri ici. Nous organisons les jours à venir et sommes tout de suite invité à l'anniversaire de Vanessa le dimanche autour d'un repas gargantuesque entièrement maison avec une soixantaine d'invités.
Le soir venu, retrouvailles avec Ayelen, notre amie tucumana, rencontrée grâce à Alex. Elle nous présente son amie Yasmine et nous explique que "la bande" d'autrefois s'est éparpillée. On n'aura donc pas la possibilité de les rencontrer ... Tant pis, on passe la soirée à se souvenir du temps passé ensemble ce qui déclenche d'ailleurs de nombreux fous rire. On se balade un peu et on finit la soirée chez elles à refaire le monde.
La semaine culinaire se poursuit le lendemain puisqu'on est invité chez José, un collègue et ami d'enfance de Noélia et Vanessa. Après un maté sur la place pendant la pause d'Oscar direction l'asado ! Super soirée et super accueil, on dégustera tout type de viande et un bon dessert gourmand après un délicieux apéro.
Le week end sera l'occasion de découvrir El Mollar, à quelques heures de bus de Tucuman. C'est un petit village très vert et agréable, en face de Tafi Del Valle où nous avions passé quelques jours il y a 9 ans avec l'équipe de Novati. Les tucumanos qui le peuvent aiment venir y passer le week end pour s'y mettre aux vert. Malheureusement la pluie nous accueille mais elle sera de courte durée. On pourra donc visiter le village, y prendre un maté sous le soleil en profitant de la vue sur le lac et les montagnes qui nous encerclent et visiter le "champs" de menhirs ramenés dans le village dans un souci de protection. Belle soirée avec nos hôtes, famille d'Oscar par alliance.
Le lendemain nous redescendons dans la vallée pour nous rendre au marché de Simoca, réunion hebdomadaire d'éleveurs et agriculteurs de la campagne environnante. Les gens y viennent donc faire leur marché (qui va jusqu'à choisir une poule ou un cochon vivant et à assister à son abbatage) mais aussi y manger. Les familles disposent chacune d'un espace couvert où sont installés tables et chaises. Tous proposent la même chose, il est donc difficile de choisir mais on se laisse guider par Oscar et sa soeur qui ont leur adresse fétiche. On partagera des empanadas bien sûr, on ne s'en lasse jamais et elles sont cuites au feu de bois, un locro (soupe de maïs et viande) et un tamales (farine de maïs, graisse et eau pour former une pâte puis petits morceaux de viande, le tout dans une feuille de maïs), un régal en effet !
Pour le dessert on goûte un petit morceau du "pastel de novio", gâteau servi lors des mariages à base de ... viande, eh oui on ne les changera pas ! Mais elle est cuisinée avec du sucre et du raisin, si on ne nous l'avait pas dit on n'aurait pas deviné qu'il s'agissait de viande !! On se laissera encore tenté par un fromage frais - confiture histoire de vérifier la ressemblance avec notre munster frais - confiture.
Difficile de ne pas résister à la sieste dans le bus du retour pour Tucuman. On enchaine avec une soirée tranquille avec Ayelen dans un bar pendant qu'Oscar travaille, encore !
Dimanche est arrivé et nous sommes attendus pour l'anniversaire de Vanessa. Pendant qu'Olivier se fait les muscles en remuant pendant presque 2 heures pas moins de 10kg de maïs et 5kg de courge pour faire des humitas (ressemble aux tamales mais sans viande et à base de maïs râpé, de courge et de fromage), Alex perfectionne son art de pliage des sfiras (empanadas arabes). La fête commence vers 13h et après 2 heures de repas (sfiras, sandwich de pain de mie au veau mariné, humitas, cuisse de cochon cuite à basse température servi dans des petits pains avec sauce au choix) c'est le début du karaoké, grande passion des argentins.
Par chance tout le monde chante bien, voir très bien (sauf nous qui peinerons à chanter du Edith Piaf alors que Vanessa maîtrise). Olivier et Oscar se prêtent au jeu et chantent de la cumbia villeja avec les autres courageux. Puis vient le dessert, un énorme gâteau à base de pralin, chocolat, dulce de leche et génoise ainsi qu'une pyramide de choux fourrés au dulce de leche. Tout a été réalisé maison pour 60 personnes et ce genre de fête est assez habituelle ; ce qui serait, je crois, un exploit pour nous ! Très très belle journée et fête réussie, tout le monde repart des airs argentins et des rires dans la tête, avec le ventre plein et le sourire.
La dernière étape de notre semaine culinaire à lieu dans la finca (exploitation agricole) de cannes à sucre d'un ami de Noélia, Riky et Vanessa à quelques km de Tucuman. Après avoir visité la finca, cueilli quelques citrons et fait la connaissance de la truie, il est temps de passer à l'atelier cuisine : Noélia va nous apprendre à faire la pâte à empanadas (réapprendre en fait mais nous n'avons jamais réussi à reproduire le véritable goût en France). On prend donc assidûment des notes et des photos pour être certains d'y arriver cette fois (il nous reste à trouver 300g de graisse de porc...). Pendant ce temps les hommes allument le four traditionnel qui nous rappelle un peu certains fours à tartes flambées.
Encore un repas gargantuesque puisqu'après la picada, ou planchette (avec "le meilleur fromage du magasin car c'est pour des français "), on s'attaquera au 60 empanadas et à l'asado (rassurez vous, même si on est très nombreux, on ne mangera pas tout).
Les jours restants, on profite encore d'Ayelen, sa soeur Anabelle que nous n'avions pas encore revue, Yasmine et Oscar, une de ses amie qui nous invite à déjeuner et surtout on passe un après midi avec Sara, la fille d'Oscar que nous ne connaissions pas.
Nous avons profité pleinement de nos 10 jours à Tucuman, à manger, vous l'aurez compris, mais surtout à retrouver et partager de super moments avec nos amis et familles argentins. On n'oubliera jamais l'accueil qui nous a été réservé et la générosité naturelle et chaleureuse qui les caractérise, culturellement d'ailleurs. On les attend en France ! La chaleur et la digestion (presque en continu !) ont eu raison de notre intérêt touristique pour la ville mais on se sera reposé !
Un peu d'histoire quand même puisque, bien qu'elle ne soit pas mise en valeur et peu attrayante, c'est à Tucuman qu'a été signé l'acte d'indépendance de l'Argentine. Plus précisément, le 9 juillet 1816, un congrès de députés connu comme "congreso de Tucuman" a rédigé cet acte fondateur de la Republique des Provinces Unies en Amérique du Sud qui deviendra plus tard la République Argentine. Tucuman a été choisie pour la tenue de ce congrès notamment car elle abritait alors le QG de l'armée du Nord qui combattait contre les troupes royalistes espagnoles et pour sa position centrale dans l'ancienne colonie espagnole.