Après notre voyage en bus de nuit, nous sommes contents de pouvoir commencer par une bonne sieste dans notre hostel qui est en fait un petit appartement partagé avec d'autres voyageurs. Puis nous partons à la conquête de Quito, capitale très agréable malgré son immensité.
La place centrale est très animée : spectacles de rue, vendeurs ambulants, repos des habitants... ses alentours se composent de petites ruelles bien agréables. La relève de la garde se déroule tous les lundis et est un véritable spectacle : la moitié de la place est condamnée pour laisser place à la fanfare et aux chevaux qui y défilent. Elle se finit par un spectacle de danse traditionnelle devant le parvis du palais du gouvernement. Les vendeurs ambulants sont préparés et défilent eux aussi avec gâteaux, glaces, eau fraîche, perches à selfies et autres.
Le lendemain, nous prenons le téléphérique jusqu'au mirador de la ville afin d'admirer son étendue et de constater que c'est une ville verte et à reliefs.
Enfin nous nous rendons au «Disney Land» de Quito ou La Mitad del Mundo. Apparemment elle ne se trouve pas réellement là mais dans un petit village à proximité où les agences nous proposent de nous emmener à peine sortis du bus. Nous nous contentons du parc, ses activités et sa ligne jaune qui traverse tout le site. Nous y apprenons notamment qu'un oeuf peut tenir sur un clou mais uniquement si l'expérience est tentée au centre du monde. Nous nous attardons au musée qui retrace le rôle des français sur la cartographie du monde.
Après Quito, notre dernière étape équatorienne est Otavalo, petit village d'artisans un peu plus au nord du pays.
Nous nous installons dans le super hostel dégoté par Delphine et Greg : grand jardin, hamacs, palmiers, ... parfait ! Après un bon petit déjeuner, la sieste s'impose tout de même avec un bon repas qui nous attend au réveil. Nous profitons de l'après midi avec nos amis, tranquillement, affalés dans l'un des canapé ou à la chasse photographique des crabes sur la plage.
Nous sommes venus à Montañita car les baleines viennent se reproduire au large de la côte et c'est la bonne saison. Même si nous sommes tous partagés par cette sortie «voyeuriste» et dérangeante pour ces géants de la mer, nous ne pouvons pas y résister, une fois dans notre vie. Les bateaux doivent respecter certaines règles, le guide nous les explique, mais en réalité ils veulent surtout satisfaire les clients... que nous sommes aussi. Le spectacle est à couper le souffle et l'émotion nous envahit dès les premiers sauts. Il s'agirait de 3 mâles faisant la cour à une femelle. Ils déploient donc tous leurs atouts et font des sauts incroyables qui nous séduisent nous, c'est certain !
Nous sommes 4 bâteaux et avons un temps limité pour laisser la place aux suivants. Le bâteau part ensuite aux abords d'une île sur laquelle se reposent des fous à pattes bleues, l'une des espèces présentent aux Galapagos. Il est d'ailleurs dit que nous sommes aux Galapagos des pauvres. Après une séance de snorkling pour les plus courageux (l'eau est fraîche) nous rejoignons la côte avant de repartir vers notre hostel pour y passer le reste de l'après midi à nous préparer, encore une fois, un bon repas.
Le lendemain, nous nous séparons : Delphine et Greg descendent vers Lima avant de s'envoler vers la Polynésie, étape suivante de leur tour du monde. De notre côté nous poursuivons notre trajet vers la Colombie via Quito.
Les bus de nuit en Équateur n'en étant pas vraiment, nous arrivons encore plus épuisés que d'habitude. Après une petite découverte de la ville, la sieste s'impose !
Nous rencontrons un voyageur qui rentre d'une randonnée de 3 jours qu'il a fait avec des Suisses... qui sont Delphine et Greg nos amis rencontrés en octobre au Brésil et avec qui nous avons voyagé plusieurs fois. Nous avons donc le plaisir de les retrouver là, au milieu de l'Équateur. Ils redescendent de Colombie et ont donc plein de conseils pour nous. Nous passons une soirée et une journée à nous partager nos itinéraires autour de bons repas puis nous décidons de nous retrouver dans quelques jours à Montañita sur la côte. Ils partent à Baños et nous partons faire la boucle de Quilotoa sur 3 jours.
Nous quittons notre hostel en plein match de foot France - Argentine et assistons au penalty au hasard des écrans visibles depuis la rue. La victoire nous permet de taquiner nos copains argentins. Après 2 heures de bus nous arrivons à Sigchos et démarrons la 1ère étape de la boucle vers Insivili. Malheureusement nous finissons cette première étape sous la pluie mais nous avons déjà pu profiter de magnifiques paysages. Nous nous installons dans notre hostel perdu dans la brume et profitons des quelques rayons de soleil qui tentent une percée avant de nous réfugier au chaud pour le bon dîner inclu dans notre nuitée.
Le deuxième jour, l'objectif est de rejoindre Chugchilan. Nous commençons par descendre dans la vallée pour remonter en face et suivre la rivière avant de monter au mirador. Sur le chemin, des enfants nous attendent et demandent des «candies» mais nous n'en avons pas. Apparemment c'est une habitude, ils attendent les randonneurs après l'école, nous supposons d'ailleurs qu'ils ne connaissent que ce mot d'anglais. Les grandes vacances ayant commencé, nous n'en rencontrons que très peu. Nous arrivons donc en haut du mirador où nous attend son «propriétaire» qui nous propose du fromage au miel de canne à sucre qu'il vend pour financer les études de son fils. Nous discutons un peu avec lui puis continuons notre chemin pour arriver dans le grand jardin de notre hostel et profiter d'un beau et chaud soleil tout l'après midi.
Le troisième jour, départ pour la lagune de Quilotoa située dans un cratère de volcan. Le soleil est au rendez vous et nous permet d'admirer ces vertes vallées qui nous entourent jusqu'au sommet. Nous croisons deux enfants qui nous indiquent le chemin, ils sont un peu déçus que nous n'ayons pas de bonbons mais ne se laissent pas abattre et veulent qu'on les prenne en photos, ils posent avec grand plaisir.
Une fois en haut nous nous délectons de cette vue incroyable et imprenable pendant de longues minutes. Comme il est tôt nous décidons de faire le tour du cratère avant de reprendre le bus pour Latacunga. Les trois jours de randonnées et un peu plus de 40km avec du bon dénivelé se font sentir, le sommeil nous appelle rapidement.
Le jour suivant nous partons ensuite pour Montañita rejoindre Delphine et Greg. Le trajet ne se passe pas tout à fait comme prévu : sur les mauvais conseils d'un employé de compagnie qui a surtout voulu nous vendre un billet sans se soucier de nous, nous nous retrouvons sans correspondance à Manta sur la côte. Le bus suivant étant à 4 heures du matin, nous prenons notre mal en patience... Puis nous finissons par partir, seuls passagers du bus. Le réveil est surprenant puisque le bus est rempli d'écoliers ! Sur la côte, les grandes vacances sont en décembre...
Notre arrivée à Cuenca nous choque presque tant le contraste est grand. Tout d'abord nous tentons de prendre un taxi à 4 pour nous rendre dans le centre, tous refusent alors qu'au Pérou les taxistes klaxonnent pour proposer la course dès qu'ils voient un piéton et nous prennent sans problème à 5 avec des gros sacs. Nous sommes samedi, il est 7h30 du matin, la ville dort, rien n'est ouvert, jusqu'alors on a plutôt eu l'impression que tout est ouvert tout le temps et que tout se trouve à toute heure. Ensuite la ville est très propre et semble organisée, on a l'impression d'être un dimanche matin dans une grande ville européenne. En fait on comprendra plus tard que Cuenca est un peu à part même si, de manière générale, l'Équateur nous semble plus développé et donc plus riche que les derniers pays traversés.
Malgré le peu de sommeil accumulé ces dernières 48h, nous profitons du centre ville et de la fête de la musique organisée par l'Alliance Française toute la journée et nous couchons tôt. Le lendemain, direction le parc et les ruines de Pumapungo situés dans la ville. Le parc est très agréable et a un air de jardin botanique.
Nous découvrons par exemple les «tomates arbre» qui poussent réellement sur des arbres et sont utilisées pour des jus. Sur ses hauteurs se dressent quelques ruines, oeuvre de l'empereur Inca Huayna Capac (qui a étendu l'empire jusqu'en Colombie durant son règne 1493-1527, ses fils se battent ensuite pour le pouvoir jusqu'à l'arrivée des colons qui les écrasent). Bizarrement un collège jésuite a été construit sur le site et a fonctionné jusqu'en 1980, date à laquelle la Banque Centrale d'Équateur a racheté le site pour en faire un musée. Nous visitons ensuite le musée, très intéressant, qui présente les différentes cultures et communautés du pays avec notamment une salle sur les Shuars qui vivent aux portes de l'Amazonie. Nous découvrons la tradition du tzantza pratiquée jusque dans les années soixante (y compris sur des touristes paraîtrait-il) : après un combat entre 2 guerriers, la tête du perdant était coupée, incisée à l'arrière pour retirer la chair et le crâne, les yeux et la bouche cousus puis mise à bouillir et à sécher... voilà la recette d'une tête réduite ! Des cailloux chauffés sont ensuite utilisés pour remplir la cavité et le trophée est ensuite porté comme un collier par le vainqueur. L'objectif de ce rituel était d'apaiser les esprits des ancêtres tués mais aussi de paralyser l'esprit de l'ennemi pour l'empêcher de se venger : sa force passait sur le guerrier victorieux. Nous observons quelques uns de ces modèles réduits avant de nous faire virer du musée, qui ferme avant l'heure annoncée.
Nous continuons à profiter de Cuenca en montant sur ses hauteurs, au mirador de Turi, après avoir goûté l'une des spécialités locales, le hornado, tellement gras mais tellement bon.
Et nous finissons la journée dans une fabrique de Panama où nous découvrons la vérité sur ce chapeau : il n'a jamais été fabriqué au Panama mais toujours à Cuenca et alentours. Il était beaucoup porté par les ouvriers du canal de Panama et dans les campagnes brésiliennes et mexicaines. Son succès (et son nom) s'est affirmé lorsque Roosevelt et d'autres chefs d'états l'ont porté lors de leur visite du chantier. En réalité les chapeaux sont tressés par des artisans qui travaillent depuis chez eux dans les villages alentours. Les fibres utilisées viennent d'une sorte de palmier équatorien : une fois coupées, les tiges sont cuites et séchées au vent à l'abris du soleil, ce processus définit la qualité de la fibre. La tige est ensuite détaillée en fibres qui sont ensuite tressées. La bordure est finalisée pour éviter que le tressage ne s'ouvre puis le chapeau rejoint la fabrique où une 1ère forme lui est donnée à l'aide d'un marteau et d'un moule en bois. Il est ensuite blanchi ou coloré, selon la demande, puis sa forme finale, taille et bords plus ou moins relevés, est marquée à l'aide d'une presse chauffée.
Visite très intéressante ! Sans être poussés à l'achat, nous pouvons apprécier les différentes qualités : le prix varie de 30 à 25 000 dollars ! Aujourd'hui il est vendu à des marques de luxe (Hermès en France) qui y apposent leur propre marque...
Pour finir notre séjour à Cuenca, nous retournons au musée pour la partie numismatique sur l'histoire de la monnaie. Jusqu'en 2000, la monnaie était le Sucre (un des libérateurs de l'Amérique latine) mais une importante crise économique (inflation, attaques spéculatives sur le sucre, ...) a alors touché le pays. Le gouvernement décide alors de «dollariser» l'économie en faisant du dollar la monnaie offcielle. Les Equatoriens ayant des économies les perdent totalement (des économies suffisantes pour l'achat d'une maison se sont transformés en quelques centaines de dollars par exemple).
Nous avons également passé quelques heures dans le parc national de Cajas à quelques kilomètres de la ville et 4000 mètres d'altitude. Ce parc a la spécificité d'être constamment ou presque dans la brume avec un taux d'humidité plutôt élevé mais ces conditions font son charme et lui donnent un côté séduisant. Par ailleurs le relief et les parois rocheuses abruptes permettent à des petites forêts de se développer à l'abri du vent donnant naissance à des enchevêtrements de troncs.
Le revers de cette ambiance est que les sentiers sont boueux et glissants, nous ne pouvons pas prendre de hauteur sur le parc en montant jusqu'au plus haut point mais la balade autour des lagunes et dans la forêts est un enchantement.
Après ces quelques jours à Cuenca, nous poursuivons notre route vers Latacunga.
Une fois arrivés à Chachapoyas nous sautons dans un minivan direction le petit village de Tingo Nuevo, sur les hauteurs de Tingo Viejo, village enseveli sous une coulée de boue dans les années 90 et reconstruit en partie sur place mais entièrement plus haut. Ce petit village vit de la cité pré inca de Kuelap connue sous le nom de «Machu Picchu du Nord», le téléphérique partant d'ici. Nous arrivons un dimanche et le téléphérique est fermé le lundi, impossible de dîner après 19h30, ce sera pique nique sur notre lit pour le 1er soir après une journée à profiter du soleil.
Le lendemain nous partons aux aurores pour les 1250 mètres de dénivelé sur 9km qui nous attendent en montant puis en descendant sous un beau soleil et dans des paysages somptueux. Une fois arrivés et faute de téléphérique nous sommes les seuls sur le site, hormis un policier et un garde... dommage car il n'y a aucune signalétique ! Le site appartient à la civilisation pré inca des Chachapoyas ou «guerriers des nuages» et culmine à 3000 mètres offrant ainsi une vue stratégique sur toute la vallée. Elle aurait été habitée de 500 à 1470, arrivée des incas. Un mur d'enceinte encercle la cité qui compte 400 édifices et s'ouvre en 3 accès étroits et raides. Les maisons d'habitation sont rondes avec un toit de paille et disposent en général d'un foyer central et d'un élevage de cochons d'inde dans la maison. Trois monuments majeurs règnent sur le site : la tour de 7 mètres de haut à but défensif, un observatoire astronomique en forme de cône inversé et un château rectangulaire composé de 3 plateformes superposées, destiné à l'élite. La nature à repris ces droits sur cet espace mais un effort de conservation semble en cours.
La visite de ce site en solitaires, avec quelques ouvriers et quelques lamas et la vue sur l'incroyable vallée ont rendu ce moment plutôt magique pour nous (même si la descente a été rude) ! Après un bon dîner à l'heure des poules et une bonne nuit de sommeil nous partons pour la ville de Chachapoyas.
Cette jolie ville est très agréable à visiter : bâtisses aux murs blanc, petites ruelles pietonnes même si malheureusement les places, centre de vie, sont en travaux. Le lendemain nous partons vers la 3ème cascade du monde selon les locaux, mais calcul largement invalidé dans le monde entier, cela dépend de la méthode de mesure bien sûr : elle se divise en 2 cascades et atteint 771 mètres (230 + 541 mètres). Étonnement elle n'a été «découverte» qu'en 2005 par un explorateur allemand, en réalité son emplacement été gardé secret car elle abritait une sirène gardienne d'un trésor. Pour nous y rendre nous choisissons de faire une boucle entre les villages de San Pablo et Cocachimba, à base de minibus, tuk tuk et randonnée bien sûr. Nous croisons des ouvriers qui construisent des sanitaires en dur au milieu de la forêt (et nous rappellent le match France-Pérou du lendemain), des locaux à cheval machette à la ceinture et des touristes à pieds et à cheval. Nous accédons d'abord au pied de la petite chute puis de la plus grande, majestueuse.
Comme dit, nous sommes en pleine coupe du monde et allons donc voir ce fameux match France-Pérou le lendemain matin dans un bar accompagnés de 6 autres français. Le match se déroule pendant que les Péruviens prennent leur petit déjeuner à base de ceviche (poisson cru), absorbés par le match et les talents de comédiens des joueurs français. Nous en restons à la bière bercés par le doux cri à chaque but marqué (En Amérique du Sud, les commentateurs ont du coffre et scandent «goal» pendant de longues minutes). Mais la défaite, comme attendue, n'a finalement pas vraiment d'impact malgré les 36 ans d'absence du pays en coupe du monde. Chacun retourne à ses occupations dès le coup de sifflet final.
De notre côté nous partons explorer le canyon proche de la ville pour une petite balade accompagnés de nos 6 concitoyens.
Notre séjour de 2 mois au Pérou s'achève donc sur ce match et cette journée, un long, très long voyage nous attend pour rejoindre Cuenca en Équateur. Après une nuit de bus nous errons épuisés de fatigue dans les rues de Chiclayo et reprenons un bus en fin d'après-midi pour arriver le lendemain matin à Cuenca.